L’intérieur de l’église de Chaumontel offre aujourd’hui un décor relativement dépouillé par rapport à son aspect du tout début XXème siècle. Lourdement chargé alors, dans l’esprit des églises de cette époque, l’intérieur est plus sobre même si l’on doit regretter la disparition de nombreux objets ou mobiliers.
[2]L’œuvre de l’abbé Antoine Corriger (1884-1967) est toujours présente dans cette église à laquelle (avec celle de Seugy), il a consacré 40 années de sa vie (1922-1962) et des ressources financières personnelles ou offertes par ses généreux donateurs.
Dans le premier article traitant de notre église, nous avons évoqué la vie de l’abbé Corriger. Dans cette dernière partie, nous souhaiterions simplement montrer comment la persévérance, l’opiniâtreté et la générosité d’un homme ont pu affronter et surmonter nombre d’obstacles pour que vivent son église et sa paroisse de Chaumontel.
Sa présence est sensible dans les vitraux, qu’il a fait installer en 1932, dans le mobilier et la statuaire qui ornent l’église.
L’abbé Corriger s’adresse à tous pour obtenir des aides, y compris aux paroissiens de son ancien quartier de Paris. Ses écrits conservés dans les archives paroissiales de Luzarches témoignent de son engagement. En janvier 1934, il crée la revue mensuelle paroissiale de Chaumontel Le trait d’union des braves gens de chez nous.
Les archives paroissiales, conservées à Luzarches, permettent d’évoquer les objectifs que s’est imposés l’abbé Corriger, au prix d’efforts, d’épreuves et d’espérances dévastées et toujours renaissantes. [3]
L’église est à la fois restaurée et embellie par les entreprises locales ou voisines. Les mémoires des travaux montrent l’ampleur de la tâche et les difficultés de trésorerie rencontrées par l’abbé Corriger.
Les échanges de courriers témoignent de la grande patience et de la bonne volonté des entreprises pour le recouvrement des factures envers le caractère strict de l’homme d’église peu sensibles aux choses purement matérielles.
Un courrier du 10 janvier 1929 adressé à l’abbé Corriger illustre l’un des nombreux obstacles rencontrés et atteste de la bonne volonté de ceux qui l’aidaient dans sa tâche. C’est ainsi que les mémoires de plomberie, maçonnerie, serrurerie, menuiserie et honoraires d’architecte sont réglés par des dons des familles Goupil, Canuet et Caplain. Le maire, Maurice Canuet, précise cependant que la municipalité ne peut être responsable des travaux entrepris personnellement par l’abbé. L’embellissement de l’intérieur de l’édifice traduit les idéaux du curé de Chaumontel. Parmi les objets les plus remarquables, symboles de son œuvre, nous évoquerons les statues des apôtres, de Jeanne d’Arc, de Saint Vincent de Paul et du curé d’Ars, le chemin de croix et les fonts baptismaux. Des objets plus anciens, nous retiendrons les statues en bois, le tableau, les stalles.
L’œuvre matérielle de l’abbé Corriger recèle des actes emprunts d’une dignité qui honore son auteur. Son engagement quotidien va au-delà de ses paroissiens. Bravant les risques de la période trouble de la seconde guerre mondiale, le curé de Chaumontel a humblement choisi de mettre sa vie au service de son prochain en protégeant ceux que l’idéologie terrifiante régnant alors avait désigné comme victimes expiatoires. C’est ainsi qu’une quinzaine de Juifs traqués ont pu être cachés sous le Foyer paroissial, devenu refuge clandestin. Nous avons souhaité mettre l’accent sur l’œuvre de l’abbé Corriger qui mérite aujourd’hui d’être rappelée à la mémoire de nos contemporains.
Jean-Michel Rat & Renée Baure-Rat
jmrbrulis@orange.fr [4]
L’église est ornée des statues des Douze apôtres qui représentent symboliquement les Douze tribus d’Israël. Leur identification par le profane peut se révéler difficile. Il nous a paru utile de les décrire en évoquant les détails qui les caractérisent : attributs dont ils sont gratifiés, physique ou moyen utilisé pour leur martyr, caractéristiques fixées à partir du XIème siècle.
Réalisées « en terre cuite », selon l’abbé Corriger, elles sont posées sur des supports installés en 1930 par G. Letellier, entrepreneur à Chaumontel. Il manque deux statues d’apôtres : Simon et Matthias.
Pierre tient une clef et a, à ses pieds, le coq symbolisant le reniement. |
André (frère de Pierre) présente deux bâtons en forme de croix. |
Jean tient la coupe empoisonnée par laquelle on voulut le faire périr. Seul apôtre imberbe. |
||
Jacques le Majeur (frère de Jean) tient le bourdon des pèlerins de Galice. |
|
Jacques le Mineur (cousin du Christ) tient le bâton de foulon dont on l’assomma à Jérusalem. |
||
Philippe tient une longue hampe – aujourd’hui disparue - par laquelle il exorcisa un dragon. |
Barthélemy (ou Bartholomé) brandit le couteau avec lequel il fut écorché vif. |
Matthieu tient un parchemin roulé en souvenir de son état de percepteur. |
||
Jude (surnommé Thaddée ou Lebbée, frère de Jacques le Mineur) s’appuie sur la scie qui a servi à son supplice. |
Et aussi...
Tout ce qui peut caractériser le curé d’Ars se retrouve dans le curé de Chaumontel : homme de prière ; homme de l’Eucharistie ; homme hanté par le salut de son prochain ; homme social, au cœur de sa paroisse, Le curé d’Ars, M. Vianney, est resté à Ars pendant 41 ans. L’abbé Corriger a oeuvré à Chaumontel durant 40 ans ! |
Attaché à l’assiduité et à | l’exactitude, l’abbé Corriger est d’une exigence qui reste dans la mémoire de ceux qui l’ont connu. Il estime que ses offices doivent être respectés de tous en particulier des enfants ; il fait sienne la devise de Jeanne d’Arc : Messire Dieu premier servi.
L’œuvre de Saint Vincent de Paul s’adresse à tous, malades, handicapés, enfants abandonnés ou défavorisés, démunis et exclus de la société. L’abbé Corriger en fait son modèle. Il se dévoue pour les enfants infirmes, anime patronages et colonies de vacances, consacre ses ressources personnelles à la construction d’un foyer pour développer un « climat de paix et de charité ». Son engagement quotidien, au-delà de ses paroissiens, l’amène à faire de son Foyer un « refuge clandestin de juifs traqués » durant l’occupation. |
Placée dans une niche au-dessus de l’autel de la Vierge, dans le bas-côté nord, cette statue est une œuvre du quatrième quart du XIVè siècle. D’une hauteur de 100 cm, la sculpture présente la vierge tenant l’enfant Jésus porté sur son côté droit. La main gauche de la vierge est manquante. La statue est classée au titre objet par les Monuments historiques depuis le 13 octobre 1931. |
D’une hauteur de 80 cm, ce groupe sculpté est adossé à l’un des piliers de la nef. C’est une œuvre du XVIè siècle. La vierge soutient le corps du Christ de son bras droit et lui tient la main gauche dans sa main droite. Le bas des jambes du Christ manque. Le groupe est classé au titre objet par les Monuments historiques depuis le 13 octobre 1931. |
Une troisième sculpture en bois dont la seule représentation qui nous soit aujourd’hui accessible figure sur la carte postale réalisée par l’abbé Corriger en 1932 est celle d’une vierge assise à l’enfant du XIVè siècle, d’une hauteur à peu près identique à celle du groupe de la vierge de Pitié. Soutenu du bras gauche de la vierge, l’enfant Jésus ne présentait alors plus qu’une partie de son corps, la tête et une moitié du buste avaient disparu. Classée au titre objet par les Monuments historiques depuis le 13 octobre 1931, la sculpture est dérobée le 26 janvier 1934. |
Le Chemin de croix est une suite de petits tableaux peints sur cuivre avec cadre en chêne vernis.
Jésus est condamné à mort |
Jésus est chargé de sa croix |
Jésus tombe pour la première fois |
Jésus rencontre sa mère |
Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix. |
|
Jésus tombe une 2ème fois |
Jésus rencontre des femmes de Jérusalem |
Jésus tombe une troisième fois |
Jésus est dépouillé de ses vêtements |
Jésus est mis en croix |
Jésus meurt sur la croix |
Jésus est descendu de la croix |
Jésus est mis au tombeau |
Deux ensembles de stalles sont installés de part et d’autre du maître-autel. Les dossiers sont gravés et montrent des armoiries non identifiées à ce jour.
Situés traditionnellement à gauche en entrant dans l’église, les fonts baptismaux sont à l’intérieur d’un espace délimité par une grille en fer forgé, isolant de façon symbolique le futur baptisé de l’enceinte sacrée de l’église proprement dite, à la manière des antiques baptistères. La cuve en fonte patinée façon bronze est surmontée d’une statuette de Saint Jean le Baptiste tenant dans sa main droite une coupelle permettant de verser l’eau du baptême sur l’enfant à consacrer. La cuve est ornée de têtes d’angelots. A l’intérieur, la cuve baptismale est composée de deux demi cuves en émail. L’eau consacrée s’écoule par un conduit menant à la terre.
Exposé dans le bas-côté sud, ce tableau a été restauré en en 1999. C’est une peinture à l’huile sur toile, probablement exécutée au XVIIème siècle. La toile ayant été découpée, il est impossible, à ce jour, d’y associer un artiste ou une école.
Joseph d’Arimathie, disciple de Jésus, soutient Jésus ; Marie-Madeleine est éplorée aux pieds du crucifié.
Derrière le corps du Christ, Marie en prière, Nicomède qui tient le linceul et aide Joseph d’Arimathie à coucher le corps du Christ dans le cercueil de Pierre et Jean.
Elle porte la dédicace à Sainte Anne, mère de Marie, grand-mère de Jésus Christ.
[5]
Le clocher abrite 4 cloches. En 1933, l’abbé Corriger fait intervenir la société des Fils de Georges Paccard – maison fondée en 1796 par Antoine Paccard - pour l’installation des cloches de l’église. D’un courrier du 11 septembre 1933, conservé aux archives paroissiales de Luzarches, il apparaît que cette société a dû intervenir après installation à la suite d’un défaut de fonctionnement des cloches.
La société explique « que si l’installation de vos cloches n’a pas pu être réalisée de façon parfaite, c’est parce que vous nous avez demandé de conserver l’ancienne cloche, et qu’ainsi il a fallu mettre une des cloches neuves à un autre emplacement que celui qui avait été prévu. ».
Ces cloches sont à nouveau restaurées en 1983-1984. l’abbé Guillaume Boyer, curé de Luzarches (1980-1990), note, dans son registre de paroisse, l’installation présente était vétuste et les cloches ne fonctionnaient plus. Les travaux sont confiés par la municipalité à la Maison Mamias.
Avant 1817, une cloche restée en place après le passage du Comité de salut public, est refondue par la maison de fondeurs Cartenet père et fils.
Elle porte pour inscriptions : « L’an 1817 j’ai été bénite par M Jean de la Barre curé de Luzarches et j’ai été nommée Elizabeth par M Louis Jules Sandrin maître de poste à Luzarches et par noble dame Elizabeth Anastasie Bouillard de Belair Vve Damours de Chaumontel Du Maire Cartenet père et fils fondeurs »
La cloche est décorée d’un crucifix à fleur de lys, d’un évêque et d’une vierge à l’enfant.
L’œuvre matérielle de l’abbé Corriger recèle des actes emprunts d’une dignité qui honore son auteur. Son engagement quotidien va au-delà de ses paroissiens. Bravant les risques de la période trouble de la seconde guerre mondiale, le curé de Chaumontel a humblement choisi de mettre sa vie au service de son prochain en protégeant ceux que l’idéologie terrifiante régnant alors avait désigné comme victimes expiatoires. C’est ainsi qu’une quinzaine de Juifs traqués ont pu être cachés sous le Foyer paroissial, devenu refuge clandestin.
Nous avons souhaité mettre l’accent sur l’œuvre de l’abbé Corriger qui mérite aujourd’hui d’être rappelée à la mémoire de nos contemporains.
Liens
[1] https://www.ville-chaumontel.fr/sites/chaumontel/files/media/image/ville/cartepostale-eglise_mobilier.jpg
[2] https://www.ville-chaumontel.fr/sites/chaumontel/files/media/image/ville/interieureglise.jpg
[3] https://www.ville-chaumontel.fr/sites/chaumontel/files/media/image/ville/abbecorrigerecrits.jpg
[4] mailto:jmrbrulis@orange.fr
[5] https://www.ville-chaumontel.fr/sites/chaumontel/files/media/image/ville/courriercloche.jpg