Les industries à Chaumontel

Si l’agriculture et l’élevage occupaient au moins 5 fermes (voir Petit Chaumontellois N°26 – AutrefoisChaumontel 11) l’industrie reste une caractéristique fondamentale du village de Chaumontel, tout comme elle l’est aujourd’hui encore. Ces industries produisent le nécessaire pour la consommation locale, ou plus tard, elles sont industries d’exportation des produits, hors de Chaumontel, voire outre-mer.

L'industrie de la pierre
L'industrie du bois
L'industrie de l'ivoire et de l'os
L'industrie de l'abeille
L'industrie chevaline
L'industrie du fer
L'industrie du vêtement

L'industrie de la pierre
Les silex sont nombreux à Chaumontel. Le sol et le sous-sol constitués de craie blanche affleurant et de silex donnant prétexte aux occupants de l’exploiter pour fabriquer leurs outils. Vitel et Bertinval sur les bords de l’Ysieux, semblent avoir été des stations du travail du silex, compte-tenu du nombre et de l’importance des objets qui y ont été recueillis. Vitel, dit Loisel, se serait caractérisé par la corporation des « Sueurs » de la rue aux Poulains, produisant des outils de petites tailles, tandis que Bertinval, fief seigneurial, aurait été le domaine de la production d’armes, de plus grandes dimensions. Calcaire et argile ont été exploités à Chaumontel.
La montagne de Chaumontel est le dernier contre-fort du plateau senlisien, caractérisé par un calcaire d’excellente qualité. La pierre a notamment servi à l’édification ou à la réparation de monuments, notamment l’église et l‘école-mairie de la rue du Tertre. Des carrières sont ouvertes sur les Brûlis, provoquant parfois des litiges entre le carrier et la municipalité. Jusqu’à 13 excavations sont recensées au 18ème siècle. Cette industrie permet l’installation de tailleurs de pierre dans le village;
Loisel dit avoir vu sur un pilier à la gauche de la nef, une inscription tracée à la main :

Deambulato cum D
UMATJ po villette 1576

Les lettres A, T et J sont en fait entrelacées « A toujours ».
Deambulato cum Domini est la devise des tailleurs de pierre effectuant leur tour de France. Près de l’autel de la Vierge se serait également trouvée une dalle portant les inscriptions :

PICHON
Culpteur
MarbrierArchives municipales de Luzarches – ADVO – cliché jmrb_2007

Un autre tailleur de pierre du nom de Charles Bernier, natif de Noyon, est logé à Chaumontel, chez Simon Hiard, vers 1739. Il déclare avoir travaillé sur les châteaux de Chaumontel et des environs ainsi qu’à l’abbaye d’Hérivaux. Une autre industrie issue de l’exploitation du calcaire des Brûlis est la production de la chaux. Au 17ème siècle, le lieu-dit Le Chauffour apparaît. Il est voisin de la ruelle des Brûlis. Les Chaufourets désignent les prés de Bertinval en 1703. Les fours à chaux étaient directement implantés sur les lieux d’édification des monuments.

Autre matériau, l’argile. Depuis le 13ème siècle, la fabrication des tuiles semble attestée à Chaumontel. Ainsi, Girard de Chaumontel, en 1288, avait un bois au lieu-dit les Vieilles Tuiles - veteres tegularia.
Le village possédait avant le 16ème siècle, une tuilerie, au bord du chemin de Bertinval.

Une tombe située dans l’église révèle la présence de carreaux en terre cuite, de forme hexagonale de 10 cm de côté, marqués de cinq trèfles et de trois tâches de vernis indiquant que la fabrique produisait des carreaux brillants. L’état-civil indique également la présence d’un établissement de céramique ; l’état-civil parle de la mort   d’un enfant à la potière de 4 ou 5 ans, en 1676.  A Chaumontel, l’impasse des Carrières continue d’évoquer cette activité de la pierre.

L'industrie du boisCharbonniers en forêt de Chantilly (Mémoire en Images Chantilly – I. Dumont-Fillon 6  Collection du Patrimoine de Chantilly)
La proximité la forêt a toujours favorisé des activités liées à l’exploitation du bois. Les métiers de cordiers (les cordes de bois), de galochiers (semelles de bois), synonyme de cordonniers attestent de cette industrie du bois. Chaumontel est une terre favorable aux noyers. Rien d’étonnant alors que l’on trouve des fabricants de semelles de galoches en noyer. Les Sueurs seraient une corporation en rapport avec les métiers du bois. Loisel dit qu’une Cour des Sueurs existait dans la rue aux Poulains près de la route de Paris et de Beaumont, constituée de deux travées de maisons couvertes de tuiles, avec cour commune et quelques masures, tenant d’un côté à Madame de Chaumontel et d’autre à Michel Métas.
Jean Liédé habitait le presbytère situé au bord de la rue aux Poulains. La Porte Rouge serait une maison appartenant à la Cour des Sueurs (Michel Métas). L’atelier d’instruments de silex de Vitel se trouve sur l’emplacement de la Cour des Sueurs. Les patronymes (Le)Sueur et Suart témoignent de l’industrie des cordiers.
La forêt constituait une source de combustible importante. Un autre métier en découle : les charbonniers.
Chaumontel en garde le souvenir avec la rue de La Charbonnière. Il y avait la Haute et la Basse Charbonnière ; la première située à droite de la voirie et la seconde à gauche. La layette sur les Brûlis laisse le souvenir des huttes construites par les charbonniers dans les bois.
Si les charbonniers ont fini par disparaître, il n’en est pas de même des métiers liés au débit des bois forestiers.
Chaumontel abrite un menuisier au 16è siècle, un maître-charpentier au 17è siècle ; un scieur de long au 18è siècle, un certain Guillot. Les poiriers produisent un bois apprécié des ébénistes. Deux charrons apparaissent à Chaumontel, l’un au 17è siècle, Pierre de la Ville, l‘autre au début du 18è siècle, Nicolas Thibault.
Le bois à brûler alimentait un four de boulanger. Louis Cléret est marchand boulanger à Chaumontel vers 1673.
La liberté de la mouture et de la boulangerie n’existant pas encore, les habitants sont tenus d’apporter leurs grains à moudre au moulin banal de leur seigneur. Le four banal est supprimé en 1743.

L'industrie de l'ivoire et de l'os
Les restes d’objets en ivoire, en os et des silex sur les rives de l’Ysieux attestent d’une longue tradition. Au 18ème siècle, un certain Landry reçoit de la Fabrique de l’Eglise, la somme de 1 livre et 4 sous pour la confection d’un bâton de la Vierge en ivoire.
De la nacre au bouton (cliché jmrb_2010)Chaumontel compte plus tard un atelier lié à l’industrie du bouton en nacre, tabletterie, dont le sol révèle parfois l’existence. La tabletterie produit de petits objets à usage quotidiens et de luxe (le Musée de la nacre et de la tabletterie de Méru (Oise) offre un excellent panorama de cette industrie).
L’usine se trouve alors à l’emplacement des Etablissements Ribaut. Un atelier se trouvait également dans la ruelle de la Guillotte. Là, le « Père Leneutre » travaillait l’ivoire avec quelques ouvriers.
Cette activité procure du travail aux paysans « sans terre » durant l’hiver. La taille des propriétés agricoles ne permet pas de subvenir aux besoins de la famille. La tabletterie apporte un revenu complémentaire.

Grève aux ateliers Bonnefont en 1936 (Inédit de Josiane Coudre-Cabot – cliché jmrb-2010)Dans la rue André Vassord, un atelier est créé par Louis Parnaland, inventeur de la machine à fabriquer des chaînes de cou et de bracelets. Marcel Parnaland, son successeur, emploie une trentaine d’ouvriers et d’ouvrières pour la fabrication de boutons et de boucles en galalithe. La galalithe est inventée dans le Jura. Elle est fabriquée à partir de la caséine du lait et du formol. Elle se travaille au tour puis à la main et est utilisée dans la fabrication des objets. Elle est elle-même remplacée par la bakélite, produit par réaction entre le phénol et le formol, sous pression et température élevée. Produit de synthèse, la bakélite peut être moulée et les pièces sont fabriquées en série.
L’atelier est ensuite occupé par Charles Parnaland qui y tourne le métal.
Il est ensuite acheté par M. Bonnefont, fabricant de boutons. L’atelier est arrêté par les grèves de 1936.

L’existence du moulin de Chaumontel, dit Moulin de Glanne, est attestée depuis 1238, année au cours de laquelle Everard, meunier du moulin, donne 39 litres de blé à l’abbaye d’Hérivaux, à prendre chaque année sur son moulin. Le moulin reste moulin banal jusqu’au 18è siècle.
Le meunier est tenu d’envoyer charger les grains chez les habitants et de faire livrer la farine dûment moulue chez leur propriétaire. Les meuniers occupent un rang élevé dans la société. Ils peuvent être marguilliers. Vendu par le Prince de Condé, le moulin est propriété de Louis Charlemagne Da, en 1789.
L’activité du moulin et l’existence du meunier cessent dès que le moulin de Glanne est transformé en une fabrique de perles métalliques qui fait vivre une bonne partie de la population. L’usine est propriété de la famille Marguerie puis de la famille Goupil.
 
Production de miel à Chaumontel – Pinel apiculteur
L'industrie de l'abeille
Chaumontel connait également l’industrie de l’abeille, grâce à la proximité de la forêt.
En 1605, Etienne de Vouze et Elisabeth Suard, son épouse, cèdent à Nicolas Marié, les droits qu’ils ont sur deux pièces de vigne à condition qu’il acquitte les cens et rentes et leur cède un vaisseau de « mouches à miel ».
L’élevage des mouches à miel est pratiqué par les bûcherons et les manouvriers de Chaumontel.

Les Chaumontellois Pinel et Bordais ont maintenu la tradition jusqu’à leur disparition.

L'industrie chevaline
La rue aux Poulains, l’Orme aux Poulains sont les seuls souvenirs d’une activité aujourd’hui disparue mais qui a dû avoir ses grandes heures en raison des prairies entourant la ville, aujourd’hui occupées par l’industrie de la pension pour chevaux.

L'industrie du fer
Au 17ème siècle, apparaît une industrie du fer à Chaumontel. On trouve des serruriers (Pierre Auger, mort en 1624, Claude Jollivet en 1664).
Un maréchal en 1638 et des rémouleurs se rencontrent en 1638, pour le premier et dès 1560 pour les seconds.

L'industrie du vêtement
Dentelle de Chantilly (Musée de la dentelle à Chantilly – cliché jmrb_2010)Dans la première partie du 17ème siècle, Chaumontel compte des boutonniers. La fabrication des boutons remonte à 1624.
Le tissage se faisait à domicile. En 1607, Nicolas Marié prend la qualité de tisserand. En 1653 on rencontre un tailleur d’habit.
L’industrie du vêtement de luxe est présente à Chaumontel : la dentelle. Elle est développée par la famille Canuet propriétaire de la Maison d’Outreville.
Au 17ème siècle, on voit une bisetière, fabriquant de la dentelle appelée bisette. La bisette est le fil de lin blanc composant la dentelle. C’est la seule industrie locale ayant survécu à la Révolution.

 

 

Jean-Michel Rat & Renée Baure-Rat (†}